Autrefois, une grande partie du territoire était occupée par le bush, forêt native de Nouvelle Zélande. Cette forêt était composée d’espèces autochtones, souvent exclusives à la Nouvelle Zélande. Les terres étant très acides, on trouvait entre autres beaucoup d’espèces de fougères arborescentes. Et bien sûr, sur les collines, en bord de cours d’eau ou de mer, notre cher harakeke.

Puis débarquèrent les maoris (XVIe siècle) suivis par les européens (1830) avec une large gamme d’espèces invasives, qu’elles soient animales ou végétales. L’équilibre naturel a vite été perturbé. La majorité des forêts primaires a été abattue pour l’utilisation du bois (exemple des forêts de Kauris) pour laisser place ensuite à de grandes plaines fertiles pour l’élevage. Les mammifères n’existaient pas auparavant sur l’île et un grand nombre d’espèces d’oiseaux ont été anéantis avec l’arrivée de ces nouveaux envahisseurs (dont les célébres moas, oiseaux non volants de plus de 2m de haut).

Mais dans les années 70, les kiwis s’aperçoivent des nombreux problèmes que peut causer la disparition des espaces forestiers. Entre autres, les sols se détériorent très rapidement. L’érosion est d’autant plus importante que le pays est dans l’ensemble très venteux et pluvieux. De nombreux phénomènes apparaissent tel l’appauvrissement des sols, l’effondrement des rives, les innondations non canalisées, les glissements de terrain, les déplacements accélérés des méandres de cours d’eau…

Ils ont l’idée de mettre en place une industrie forestière de pinus radiata dans les zones fortement exposée à l’érosion. Le pin est un arbre qui pousse vite, a un rendement supérieur à 90% et peut être exploitable rapidement. Ce n’est qu’aujourd’hui qu’ont commence à voir les résultats, l’érosion a reculé de manière spectaculaire dans la plupart des zones touchées.

Après une première coupe, l’ancienne forêt native peut repousser très facilement sur les reliquats de pins. Les arbres sont d’abord plantés à une distance très faible les uns des autres pour permettre leur croissance en hauteur, puis quelques arbres sont coupés pour diminuer la densité de la forêt et permettre la croissance en épaisseur. Au bout de 30 ans, toute la forêt est coupée.

Cette industrie du pin rapporte beaucoup à la Nouvelle Zélande et s’est très bien implantée dans le pays. Elle est pourtant très mal vue par les agriculteurs et la population en générale. En effet, d’une part, cette espèce est allochtone et elle ne règle absolument pas le problème de la disparition de la forêt native néozélandaise. Les forêts de pins ne sont pas un atout pour le paysage, surtout lorsqu’on voit que les coupes sont continues laissant un sol nu sur une surface importante. D’autre part, la biodiversité y est très faible dans ces forêts. Le bois de pinus radiata n’est pas un bois de grande qualité. L’industrie forestière commence à s’interesser à d’autres espèces de conifères (ou plantes à fleurs) ayant une meilleure valeur ajoutée (le sapin de douglas, l’eucalyptus, le red wood). De même, certaines espèces autochtones pourraient être valorisables même si les connaissances dans ce domaine sont trop faibles aujourd’hui (mais en étude !).

Mais revenons à nos moutons. Ce que l’on retrouve donc le plus dans les fermes kiwis, ce sont les élevages de vaches laitières, de vaches à viande et de moutons en système tout herbe. Il suffit de parcourir les routes éloignées des grandes villes, pour voir ses immenses propriétés de centaines à milliers d’hectares occupées par des troupeaux indénombrables et clairsemés.

L’élevage kiwi peut être vu comme un modèle idéal. Le climat est propice à la pousse de graminées (Ray Grass, Dactyle…) et légumineuses (Trèfles…) exigeantes en eau toute l’année. La température passe rarement en dessous de 0°C en hiver, les épisodes de gels sont rares.

La stratégie mise en place est celle de la quantité. Les races de moutons ou de vaches sont rustiques, elles sont capables de mettre bas seules avec de rares complications. La mortalité des agneaux et veaux est très importante mais quelques morts sur un troupeau de 5000 bêtes, c’est négligeable ! Les carcasses sont jetés dans des trous. Les bêtes sont vendues généralement à l’abbatoir mais il est possible d’abattre soit même une bête et de la découper au champ. Et le bouclage n’est pas de rigueur !

Tous les jours, l’exploitant fait le tour de l’exploitation (souvent en quad ou en 4×4 vue la surface de l’exploitation) pour vérifier l’état des troupeaux, des clotures et faire tourner les patûres. En dehors des travaux annuels (tonte, vente, coupe des queues, élimination des mauvaises herbes), la quantité de travail est bien inférieure à celle d’un fermier français relativement à la taille de l’exploitation. L’épendage des herbicides, pesticides ou engrais se fait souvent par hélicoptère par des entreprises tierses. Le tracteur n’est donc pas indispensable dans ces conditions.

La quantité d’intrants nécessaires au fonctionnement de l’exploitation est donc très faible.

Bien sûr, l’élevage n’est pas l’activité exclusive des exploitants néozélandais. Depuis peu, les activités agricoles se diversifient. On retrouve de grandes surfaces de vergers et vignes à Hawke’s Bay, Bay of Poverty et vers Bleinheim, le nord de l’île du Sud, zones plus sèches et fortement exposées au soleil en été. Tous type de fruits poussent en Nouvelle Zélande, kiwis, oranges, citrons, pommes…on a même vu des bananiers !

Le vin est une industrie jeune mais a un bel avenir devant elle ! (voir blog) De même pour celle du fromage.

Les cultures annuelles et bisanuelles restent marginales.

Nous comprennons mieux maintenant pourquoi l’agriculture et l’activité forestière occupent une place prépondérante dans le PIB de la Nouvelle Zélande.

Dans ce cas, comment concilier l’environnement avec l’agriculture, même quand celle ci participe à 50% des émissions de gaz à effet de serre du pays (méthane produit par le bétail) ?

Les kiwis expriment le souhait de devenir environmental friendly ! Un grand nombre de chercheurs, associatifs, agriculteurs se battent pour ça. Une solution serait d’intégrer des plantes aux propriétés environnementales intéressantes dans les systèmes déjà mis en place, pouvant être valorisées à grande échelle et ayant le soutien de la population et des gouvernements. En somme, des plantes qui permettraient de créer une harmonie entre la volonté des industriels, agriculteurs et défenseurs de l’environnement. L’harakeke, parmi d’autres, est une de celles-ci.

Nb : Ceci est notre vision (plus ou moins objective) de l’agriculture en Nouvelle Zélande. Nous nous appuyons sur ce que nous avons vu, lu et entendu et non pas toujours sur des publications scientifiques certifiées !